Les émotions en entreprise

_ Salut, ça va ?

_ Oui, et toi ?

_ Ça va.

Au delà du fait que ce type d’échange soit complètement vide de sens et utilisé surtout par convention, j’aimerais attirer votre attention sur le fait qu’il contient également le mensonge le plus régulièrement employé, et en particulier en entreprise : « ça va ». Parce qu’il est difficile de parler de ses émotions, et en particulier en entreprise.

Chaque jour, nous répétons « ça va » alors qu’au fond nous avons envie de dire bien plus que cela. Parfois ça ne va pas trop, parfois ça ne va pas du tout, et parfois ça va super bien, à tel point qu’on a envie de chanter et de danser, mais on dit juste « ça va », pour ne pas « sortir du lot », pour ne pas attirer l’attention, pour ne pas déranger, ou pour ne pas mettre l’autre mal à l’aise. On dit « ça va » parce que c’est ce que tout le monde fait, c’est comme ça, ça fait partie des codes de la bienséance, alors pourquoi faire autrement ?

Et si au lieu d'être une démonstration de faiblesse, les émotions étaient en réalité une force pour l'entreprise ? Les émotions, une bombe à retardement

Une émotion dure en moyenne trois secondes. Ensuite, c’est le fait de repenser à l’événement qui a fait naître l’émotion qui va la faire perdurer et la transformer en sentiment. Un événement heureux va susciter de la joie, et le fait de repenser à cet événement de manière régulière ranimera la joie, ce qui sur la durée inscrira le sentiment de joie comme un état émotionnel, une humeur. Cela aura un impact sur les comportements (sourire, bien-être, etc.) et deviendra sur la durée un trait de caractère (on dira de cette personne qu’elle est plutôt joyeuse et souriante).

Le processus sera le même avec une émotion désagréable (je préfère le terme « désagréable » plutôt que « négative », car une émotion n’est jamais « positive » ou « négative », elle n’est qu’un message). Un événement à l’origine de la colère, lorsqu’il sera ressassé, instaurera un sentiment de rancœur, de mépris ou encore de défiance (selon le contexte), et la personne sera alors de mauvaise humeur, ce qui impactera inévitablement ses comportements et pourra même affecter son entourage.

Il est donc important de « désamorcer la bombe », c’est à dire de permettre à l’individu de se détacher de ses émotions, de ne pas ressasser les événements qui les ont provoquées, et de « passer à autre chose ».

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Comment se détacher de ses émotions pour améliorer son bien-être au travail ?

Se détacher de ses émotions

Les émotions sont un message, elles nous indiquent que quelque chose en nous (un besoin, une valeur) a été touché. Une émotion agréable indique qu’un besoin est satisfait, que nous sommes en accord avec nos valeurs, et une émotion désagréable indique qu’un besoin est insatisfait, que nous sommes en désaccord avec nos valeurs.

Bien souvent, l’être humain tend à rechercher tout ce qui peut être source d’émotion agréable et à fuir tout ce qui peut être source d’émotion désagréable, quitte à se forger une carapace afin de ne plus être affecté par ses émotions. Mais gérer ses émotions, s’en détacher, ce n’est pas devenir hermétique et insensible. Ce n’est pas en occultant une émotion que l’on réglera le problème qu’elle est venue signaler.

En méditation de pleine conscience, on apprend que le meilleur moyen de se détacher de son émotion, c’est d’être à son écoute, de la reconnaître et de l’accueillir, de l’accepter pour ce qu’elle est : un message. Une façon simple de faire baisser l’intensité d’une émotion désagréable est donc de parler de cette émotion, et non des événements qui l’ont faite émerger. Mettre des mots sur ce que l’on ressent, et chercher à comprendre le message, permet de travailler sur les causes réelles de l’émotion désagréable (le besoin insatisfait).

En étant à l'écoute de ses émotions pour ce qu'elles sont, c'est à dire un message, on se donne la possibilité de les comprendre et de mieux s'en détacher.

Remettre l’humain au centre

Et si, au lieu de simplement vous demander si « ça va », quelqu’un prenait quelques minutes, régulièrement, pour vous demander comment vous vous sentez, vraiment… si cette personne s’intéressait réellement à votre humeur, à vos émotions, à ce que vous traversez, et qu’elle vous donnait la possibilité de l’exprimer… Quelle différence cela ferait ?

Certains diront que l’entreprise n’est pas le lieu pour ce genre d’échanges, que cela tient du domaine de la vie privée et qu’il faut savoir faire la part des choses. Je ne suis pas d’accord. Il est vrai qu’il est important de savoir dissocier la vie privée de la vie professionnelle, mais les émotions n’appartiennent ni à l’une ni à l’autre. Les émotions relèvent du fait que nous soyons des êtres humains, et cet aspect-là est un tout indivisible. Au travail vous n’êtes pas moins humain qu’à la maison.

En entreprise, on croit souvent qu’on doit endosser son costume de professionnel insensible, et faire face à tout ce que la journée nous réserve, sans exprimer la moindre émotion parce que c’est mal vu, et en plus garder le sourire parce que c’est mieux vis-à-vis des clients, des collègues, des supérieurs, etc. Cette croyance tend à déshumaniser les salariés dont on attend une performance et un comportement optimiste à toute épreuve, tels des robots vides de toute émotion.

« Remettre l’humain au centre », la tendance du moment, ce n’est pas seulement un slogan à la mode, qui donne une bonne image de l’entreprise. C’est au contraire un engagement nécessaire, qui passe justement par le fait de permettre à chacun d’être un être humain à part entière, avec des émotions, des ressentis, des faiblesses et des besoins.

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Le rôle du manager

En tant que manager, il est de votre devoir de vous sentir concerné.e par le bien-être de vos équipes. Et ce bien-être ne se résume pas à un bureau confortable et bien éclairé, des horaires adaptés à une vie de famille, et un salaire décent. Bien que tous ces éléments soient essentiels, il est également capital de s’assurer que les collaborateurs se sentent bien ; qu’ils ne nourrissent pas une rancœur quelconque, ne se sentent pas dévalorisés, délaissés, incompris, frustrés, stressés, etc.

Un moyen assez simple d’y parvenir est de « prendre la température » régulièrement, en discutant avec chaque collaborateur, et en lui offrant la possibilité de s’exprimer librement quant à ses émotions et ses ressentis. Et par « régulièrement », je veux dire « au minimum une fois par mois ». J’entends déjà les protestations : « on n’a pas le temps pour ça », « et pendant ce temps-là il/elle ne travaille pas, et moi non plus d’ailleurs », « ce n’est pas possible concrètement d’organiser des entretiens tous les mois », etc.

Tout d’abord, il n’est pas nécessaire d’organiser un entretien officiel, cela peut se faire à la machine à café par exemple (à condition d’être seul.e avec le collaborateur ou la collaboratrice, évidemment, car il est difficile de se confier face à un groupe), et il n’est pas nécessaire de parler longtemps, cela peut être fait en quelques minutes. De plus, vous n’êtes pas obligé.e de passer tout le monde en revue le même jour, bien au contraire, c’est quelque chose qui doit être fait de manière informelle et naturelle, un petit peu chaque jour. Et quand on voit les bénéfices que cela peut apporter, je pense qu’il s’agit d’un temps judicieusement investi.

Parler de ses émotions permet de moins les subir, et de mieux les gérer. Permettre à chacun de parler de ses émotions en entreprise peut se révéler bien plus utile qu'on ne le pense.

Les bénéfices

  • Des collaborateurs plus sereins et donc plus performants

Des émotions on en a tous, et il est parfois difficile de les gérer. Un collaborateur en proie à des émotions qu’il n’arrive pas à gérer sera forcément impacté dans son humeur générale, dans son organisation, dans sa motivation, et dans sa performance. En effet, il passera sa journée à penser à ce qui le tracasse, et à ressasser cette émotion, au lieu de focaliser toute son attention sur son travail. En s’intéressant aux émotions de chaque collaborateur, on a la possibilité d’identifier les personnes qui rencontrent des difficultés particulières et d’agir en conséquence. On pourra notamment avoir recours à l’intervention d’une personne extérieure (médiateur s’il y a conflit, coach si la personne a besoin d’un accompagnement particulier, etc.), ou mettre en place des actions de cohésion d’équipe si besoin.

  • Davantage de confiance

Parler de ses émotions demande un certain niveau de confiance entre le manager et son collaborateur. Établir un lien de confiance demande du temps, c’est donc normal si au début la personne a du mal à se confier (le manager devra d’ailleurs avoir une attitude bienveillante afin de mettre la personne en confiance). Mais l’avantage de cette démarche, c’est que lorsque l’on s’intéresse vraiment, sincèrement, à ce que ressent une personne, on crée du lien et on instaure de la confiance progressivement. Il s’agit donc d’un cercle vertueux, plus on s’intéressera à ce que ressent le collaborateur, plus il se sentira en confiance pour parler de ce qu’il ressent (à condition bien sûr de ne pas trahir cette confiance en faisant mauvais usage de ses confidences).

  • Une meilleure communication ascendante

En prouvant à vos collaborateurs qu’ils peuvent vous parler en toute sincérité, que vous vous préoccupez vraiment de ce qu’ils vous disent et que vous en tenez compte, vous ouvrez la porte à une meilleure communication ascendante, c’est à dire qu’ils se sentiront en confiance pour faire remonter des informations importantes « du terrain » dont vous n’avez peut-être pas connaissance en tant que manager. La communication ascendante est souvent bloquée par un manque de confiance de la part des collaborateurs vis-à-vis de leur manager quant à ses possibles réactions. En effet, si le manager se montre souvent stressé, peu ouvert à la discussion, ou bien s’il a parfois des réactions un peu trop impulsives face à une « mauvaise nouvelle », les collaborateurs n’oseront pas aller lui annoncer qu’une erreur a été commise ou bien qu’un problème a été identifié.

  • Une équipe plus soudée

Comme évoqué dans le 1er point, le fait de s’intéresser à ce que ressentent les collaborateurs permet également d’identifier d’éventuelles tensions au sein de l’équipe, et d’y remédier. On peut ainsi limiter les conflits, en agissant sur les causes de ceux-ci plutôt que sur les symptômes (tensions, perte de cohésion, démotivation, RPS, etc.). Or il est bien connu qu’une équipe plus soudée est une équipe plus efficace.

Les bénéfices sont donc multiples :

  • une meilleure ambiance
  • moins de tensions
  • plus de cohésion
  • plus de confiance
  • plus de communication

Et par conséquent :

  • moins d’absentéisme
  • moins de turnover
  • plus de motivation
  • plus d’engagement
  • plus de performance

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Passez à l’action

Managers, je vous invite donc à vous intéresser sincèrement à ce que ressentent vos collaborateurs, en établissant avec eux un lien de confiance qui leur permettra de vous parler ouvertement de ce qui ne va pas. Et si vous n’avez pas le temps, l’envie, ou les compétences nécessaires, confiez-moi cette tâche ! En tant que personne extérieure (ce qui facilite la confidentialité), je pourrai  plus facilement accompagner vos équipes dans la gestion de leurs émotions et des éventuels conflits qu’elles peuvent engendrer. Contactez-moi pour un devis gratuit, et ensemble transformons le bien-être de votre équipe, pour plus de performance, dans la bienveillance.

Laisser plus de place aux émotions pour améliorer la qualité de vie au travail et la performance des collaborateurs. Parler de ses émotions permet de mieux s'en détacher, ce qui peut être une force en entreprise.

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À propos Nadège Favri

Toulousaine passionnée de développement personnel, je porte un intérêt particulier aux relations humaines et à la communication non violente. Combinés à mon intérêt pour les ressources humaines, ces atouts ont naturellement fait émerger chez moi l'envie d'apporter mon aide aux entreprises comme aux particuliers, pour que chaque individu puisse exprimer tout son potentiel et viser l'excellence. Du coaching individuel au coaching d'entreprise, mon champ d'intervention est large mais avec un seul objectif en tête : utiliser la bienveillance pour améliorer la performance.

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