Comme on l’a vu dans l’article De la bienveillance à la performance, le management bienveillant est la clé de la performance individuelle des salariés et par conséquent de la performance globale de l’entreprise. En améliorant la qualité de vie au travail et la motivation des collaborateurs, on peut améliorer significativement leur productivité. Mais concrètement, la bienveillance, c’est quoi ? Comment sait-on si l’on est bienveillant ? Je vous propose dans cet article de découvrir les 6 soft-skills du manager bienveillant.
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Qu’est-ce que la bienveillance ?
Le terme « bienveillance » est très en vogue en ce moment, on le voit partout et à toutes les sauces… mais sans forcément savoir ce que cela signifie vraiment. Même les définitions proposées sur internet sont diverses :
- « Disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence… » _ Larousse
- « Disposition favorable à l’égard de quelqu’un. » _ Google
- « Capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui d’une manière désintéressée et compréhensive. » _ L’internaute
Alors après m’être penchée sur la question suffisamment longtemps pour bien comprendre tous les aspects du concept, j’en ai dégagé 3 points essentiels :
- La bienveillance passe d’abord par soi-même.
Difficile d’être bienveillant envers les autres si l’on est soi-même mal dans sa peau, stressé, malheureux, anxieux, fatigué, etc. Comme avec les masques à oxygène dans un avion en cas d’urgence, il convient de prendre soin de soi avant de vouloir prendre soin des autres. - Être bienveillant c’est être capable de prendre du recul sur ses émotions.
On aura beau avoir les meilleures intentions du monde, si à la moindre émotion on explose ou on s’effondre il sera difficile pour nos collaborateurs d’être sereins et confiants. Les sautes d’humeur créent un climat de tension et de crainte qui nuit fortement au bien-être et à la productivité de l’équipe. - Être bienveillant c’est faire passer la relation avant l’ego.
En se focalisant davantage sur les intérêts de la relation que sur ses intérêts propres, on favorise la confiance, la transparence, l’entre-aide, l’émulation et donc la performance individuelle et collective.
Les 6 soft-skills du manager bienveillant
1. L’intelligence émotionnelle
Être à l’écoute de ses émotions et de celles des autres, en comprendre le sens et analyser les besoins qui se cachent derrière. Cela permet :
- une meilleure gestion de ses émotions propres, afin d’éviter les sautes d’humeurs qui peuvent engendrer un climat tendu, de la défiance, de la démotivation ;
- une meilleure compréhension de ce que vit l’autre, donc pouvoir faire preuve d’empathie ;
- une meilleure communication, afin d’éviter les conflits.
On classe généralement les émotions dans deux catégories opposées : les émotions positives et les émotions négatives. Mais en réalité, une émotion n’est ni positive ni négative. Elle n’est qu’un message, qui indique que l’un de nos besoins est satisfait (dans le cas d’une émotion dite « positive ») ou insatisfait (dans le cas d’une émotion dite « négative »).
Il est contre productif de vouloir éradiquer les émotions qui nous dérange, en les qualifiant de « négatives », alors qu’en fait elles ne sont qu’un signal que nous aurions tout intérêt à apprendre à écouter.
Comprendre une émotion, l’accepter, lui laisser la place d’exister, c’est déjà moins la subir. Et comprendre ensuite quelle est l’origine de cette émotion, quel est le besoin insatisfait qui l’a fait naître, c’est se donner l’opportunité de traiter le problème à la racine plutôt que de chercher à traiter uniquement les symptômes. Chercher à contenir sa colère est impossible si l’on ne travaille pas sur la raison de cette colère.
2. Se détacher du jugement
Le cerveau tend à juger tout ce qui l’entoure, c’est initialement un réflexe de survie, en distinguant ce qui est dangereux de ce qui ne l’est pas on s’évite la souffrance, voire la mort. Mais cette façon de procéder tend à nous faire tout percevoir selon un système binaire : le bien vs. le mal, le bon vs. le mauvais, le juste vs. l’injuste, l’agréable vs. le désagréable, etc.
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Ce système binaire nous pousse à juger tout ce qui ne nous ressemble pas comme étant « mauvais », « nul », « méchant », « ridicule », « pathétique », etc.
Le problème c’est que nos perceptions ne sont pas la réalité. Nos perceptions sont influencées par nos valeurs, nos croyances, notre éducation, nos expériences, et notre connaissance partielle des événements. La réalité passe en fait à travers les trois filtres de nos perceptions qui sont :
- La sélection : nous ne percevons pas tout, seulement ce qui est dans le champs de nos 5 sens, et encore là nous ne percevons que ce que nous voulons bien percevoir
- La distorsion : nous déformons ce que nous percevons de manière à ce que cela corresponde à nos croyances
- La généralisation : nous généralisons ce que nous percevons pour faciliter notre compréhension
Ce sont des mécanismes naturels du cerveau contre lesquels ils est difficile de lutter. Il importe donc d’en avoir conscience de manière à pouvoir se demander régulièrement si nos perceptions sont justes ou si elles sont biaisées.
Ce n’est qu’en remettant en question ses perceptions que l’on peut se détacher de son jugement, pour se concentrer uniquement sur les faits. Être factuel permet de communiquer plus sainement, en particulier lors d’un désaccord ou d’un conflit.
3. L’ouverture d’esprit
Être à l’écoute, tolérant et ouvert d’esprit, c’est considérer l’autre, et l’accepter dans toute sa différence, que celle-ci soit visible ou non.
Quand on parle de différence on pense souvent au handicap, à l’origine ethnique ou encore à la différence d’âge, qui sont des différences souvent visibles et qui véhiculent quelques a-priori.
On en oublie les autres différences, moins évidentes, presque imperceptibles, et qui pourtant font de chacun de nous un être unique : nos différences de goûts, de perception, de points de vue, de pensées, de cadres de référence, d’éducation, d’expérience, de vécu, de blessures …
Croire que l’autre est comme moi, présupposer qu’il pense comme moi, et qu’il va réagir comme moi, est la plus grosse erreur que je puisse faire dans mes relations, et dans mon management.
Si je veux manager mon équipe dans le respect des individualités de chacun, je dois prendre le temps de connaître et de comprendre chacun de mes collaborateurs, de manière à pouvoir être capable à tout moment de me mettre à sa place. Ainsi je sais ce qui le motive, ce qui l’ennuie, ce qui l’intéresse, ce qui l’inquiète, et en fonction de tous ces paramètres, je peux adapter mon mode de management, ma façon de lui montrer de la reconnaissance pour son travail, mes moyens de le motiver à se dépasser, etc.
4. La gratitude
Avoir de la gratitude, c’est reconnaître les bénéfices, c’est valoriser le positif, c’est être reconnaissant de ce qui a été fait.
Il existe plusieurs niveaux de gratitude :
- Le premier niveau c’est lorsque l’on n’a de la gratitude que pour les choses positives, et que l’on subit les événements négatifs en se plaignant de ne pas avoir de chance. La plupart des gens qui ne font pas de développement personnel se situent à ce niveau-là.
- Le deuxième niveau c’est lorsque avec du recul on est capable de voir les bénéfices engendrés par un événement négatif, c’est prendre conscience que cette chose que l’on percevait comme négative nous a finalement apporté quelque chose de positif. La plupart des gens qui font du développement personnel se situent à ce niveau-là, même si le temps de prendre ce recul peut être plus ou moins long selon les personnes.
- Le troisième niveau c’est lorsque même en pleine situation difficile on a conscience que cette situation aura des effets bénéfiques plus tard, alors même qu’on ne peut pas les percevoir sur le moment. Peu de personnes se situent à ce niveau-là, mais ce sont des personnes plus épanouies et plus productives car rien ne les arrête.
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Entraîner ses collaborateurs à voir le positif en toutes choses les rendra plus résilients, c’est à dire capables de se relever plus rapidement des difficultés, car ils sauront percevoir les bénéfices, à plus ou moins long terme, que ces difficultés leur apporteront.
5. L’imperfection
Accepter l’erreur, et même la valoriser, voilà une clé essentielle de la bienveillance et de la performance. Cela peut paraître contre-intuitif de penser que l’erreur mène à la performance, et pourtant c’est une réalité. L’enfant qui apprend à marcher commence d’abord par tomber, puis se relever. Une personne qui ne fait jamais d’erreur, ce n’est pas une personne parfaite, c’est seulement une personne qui n’essaie rien de différent, qui ne prend pas de risque, et qui n’avance donc pas. Nous avons souvent tendance à blâmer l’erreur, ça commence dès l’école d’ailleurs, avec cette manie de souligner les fautes en rouge et de les pénaliser. Ce fonctionnement coupe l’envie aux individus de faire des erreurs, et par la même occasion l’envie de tenter des choses nouvelles.
Se montrer soi-même imparfait, en tant que manager, et permettre à ses collaborateurs d’être eux aussi imparfaits, c’est enlever à toute l’équipe le stress lié à la peur de se tromper, et c’est permettre à chacun d’explorer ses capacités et de devenir créatif.
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Alors plutôt que de punir l’erreur, accompagnez vos collaborateurs vers la recherche de solutions pour la réparer, ils se sentiront ainsi compris, soutenus et valorisés. De plus, la recherche de solutions pourrait amener encore plus de créativité.
6. La transparence
Communiquer avec transparence, c’est la clé de la confiance. Et des collaborateurs qui se sentent en confiance sont des collaborateurs sereins qui peuvent consacrer leur pensées et leur énergie à travailler plutôt qu’à se poser des questions et ruminer.
Le meilleur moyen de se montrer transparent, c’est d’avoir un alignement pensées-paroles-actes. Ou bien, à l’échelle d’une entreprise, un alignement valeurs-stratégies-actions. Il est impossible de tricher à ce niveau-là, car si ces éléments ne sont pas alignés, les collaborateurs s’en rendent vite compte et ont le sentiment qu’on leur ment, qu’on les manipule, ou qu’on les prend pour des imbéciles.
Veillez donc à ce que vos actes reflètent vos paroles, et que vos paroles reflètent vos pensées, tout comme les actions que vous prenez doivent refléter votre stratégie, qui doit elle-même refléter vos valeurs.
Appliquez cela à votre communication descendante, et cela facilitera grandement la communication ascendante. De nombreux dirigeants et managers se plaignent de ne pas avoir suffisamment de retours de la part des ouvriers, de ne pas savoir réellement ce qu’ils pensent, et se disent qu’il n’y a rien à faire contre ce manque de communication. Mais c’est faux. Tous les êtres humains veulent naturellement s’exprimer, mais il ne le font que si les conditions le leur permettent. C’est donc à vous, dirigeants et managers de faciliter la communication ascendante en montrant l’exemple par une communication descendante transparente et bienveillante, ce qui inclut bien évidemment d’être capable de recevoir tout ce qui va vous être dit sans laisser votre ego vous pousser à réagir de manière impulsive.
Un manager perfectible
Voilà donc les 6 soft-skills qu’un manager doit posséder et développer pour être bienveillant. Ce n’est pas toujours simple car cela demande de prendre du recul par rapport à son ego, ses émotions, ses jugements et ses habitudes. Mais souvenez-vous du 5ème point : l’imperfection. Il est humain de se laisser influencer par l’ego, et il serait illusoire de chercher à vivre en permanence détaché de son ego et de ses émotions. Ce qui compte, c’est de toujours chercher à s’améliorer. Le manager bienveillant n’est pas un être infaillible. Il ne cherche pas la perfection, mais seulement à faire de son mieux pour être chaque jour un peu plus bienveillant que la veille.
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